Je suis comme le printemps, je prends mon temps. Je me fais désirer, je ne suis pas là où on m'attend. Je suis coincée en hiver, quand l'envie et le courage m'abandonnent. En stand-by.

 

 

Je ne suis pas mal, je ne suis pas bien. Envie de rien, besoin de quoi ? Je n'en sais rien. Je suis assise là, coincée dans une salle d'attente géante, d'un côté le gouffre, de l'autre la pente. En stand-by.

 

 

Je traîne, je m'attarde, je lambine, je musarde. Tantôt en veille, tantôt éteinte, sur une autre planète on peut me joindre. Mon pilote automatique fait des merveilles, pourvu qu'il ne me lâche pas avant l'éveil. En stand-by.

 

 

Je regarde ma vie comme s'il s'agissait de celle d'une autre, attendant le déclic qui la fera sortir de sa léthargie. Je suis perdue dans l'inconnu, inquiète de savoir quand je retrouverai le chemin de ma rue. En stand-by.

 

 

Je vivote, je sifflote, l'air de rien, dans ma grotte. Je m'observe, m'interroge, suis-je celle-ci ou bien une autre ? J'énumère les choses à faire, par obligation, je m'y affaire. En stand-by.

 

 

Tout m'indiffère, tout m'exaspère, je me sens entière dans ma galère. Seule dans mon trou je n'ai même pas le goût d'en discuter avec l'un de vous. En stand-by.

 

 

repos lagaffe

 

 

Me voilà mise à nue, j'ai froid et je regrette un peu déjà. Mais je crois que c'est par là qu'il me faut passer pour changer ça. J'ai honte d'en être arrivée là, l'impression de m'être volontairement laissée engluée. Parce que c'est tellement plus facile.

 

Parce que la défaite, malgré la lutte, me laisse un goût amer. Je crois que mon égo est meurtri. Que mon espoir est mis à mal. Ainsi il ne suffirait pas de vouloir pour pouvoir, de se donner les moyens pour arriver à bien ?

 

Qui eut cru que la maternité serait un tel combat ? Parce que c'est bien de cela qu'il s'agit. Encore et toujours. Je n'assume pas de ne pas y parvenir. Je n'arrive pas à surmonter cela. J'ai beau avoir conscience des points bloquants, avoir identifié des solutions qui me conviennent, la plupart restent de simples concepts. La mise en application est plus que laborieuse. Mes automatismes, tout sauf bienveillants, me harcèlent, moi et les miens.

 

La situation est loin d'être désespérée, je le sais. Je ne suis pas la pire des mamans, ce n'est pas mon propos. Simplement je voudrais pouvoir les admirer béatement plus fréquemment. M'emporter moins rapidement, les accompagner plus tendrement.

 

J'ai fait dernièrement le constat édifiant que, contrairement à beaucoup d'autres, lorsque je laisse parler ma « nature » de maman, je tombe dans l'autorité et le besoin d'obéissance. Alors que je ne rêve que de bienveillance pour mes enfants. Voilà mon paradoxe, celui qui me rend folle et me fait culpabiliser. Pour être en accord avec mes idées, pour tendre vers mes intentions, c'est une lutte sans merci contre moi-même que je dois mener. Quand je lâche prise, je redeviens une mère toxique qui m'insupporte.

 

Mais aujourd'hui, je suis fatiguée de me battre. Les quelques résultats palpables me paraissent bien négligeables. Alors je bats en retraite. Je reprends des forces. Je veux croire que ce n'est pas une fuite en avant mais une pause nécessaire et régénératrice. J'essaye de ne pas écouter la petite voix qui me dit que je n'ai pas les épaules. Et je prends soin de moi. Je me mets au repos. En stand-by. Le temps de retrouver suffisamment d'enthousiasme, d'ardeur et de motivation pour me relancer à corps perdu dans ma quête.

 

 

Parce que le bonheur et le bien-être de mes enfants en vaut la peine ...

 

 

Edit : si l'accouchement de cet article a été particulièrement difficile et douloureux à écrire (et à publier, la délivrance il parait), il semblerait que quelque chose se soit débloqué, comme si j'avais trouvé le bouton Play qui mettrait fin à la pause ?! A confirmer ...

 


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